À l’occasion de l’anniversaire de la mort de Robert Rigot, le musée Denon sort de ses réserves les œuvres acquises auprès du sculpteur bourguignon entre 1967 et 1979.
Des carrières de Buxy à la Villa Médicis.
Fils et petit-fils de tailleur de pierre, Robert Rigot se passionne dès ses jeunes années pour la sculpture et la taille de la pierre. Admis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (1948), lauréat du premier grand prix de Rome (1954), il est pensionnaire à la Villa Médicis de 1955 à 1958. Refusant de s’établir à Paris, il revient dans sa Bourgogne natale, non loin de Buxy, où il installe son atelier dans un ancien moulin qu’il restaure lui-même.
L’«ermite bourguignon, forgeron de génie» :
La nature et le monde animal sont pour lui une source constante d’inspiration. Pour créer son « bestiaire aux formes lyriques », il développe une technique qui lui est propre, façonnant et soudant au chalumeau des éléments de bronze qui, ajourés, donnent à ses sculptures des volumes aériens, habités de lumière. Nombre de ses œuvres, parfois monumentales, sont élaborées en collaboration avec des cabinets d’architectes pour diverses municipalités ou dans le cadre du 1% culturel (Le Taureau au lycée Etienne-Restat de Sainte-Livrade-sur-Lot ; L’Oiseau du collège Jean Moulin à Montceau-les-Mines ; Le Rêve ailé, hommage à Gustave Eiffel à Dijon).
Directeur artistique aux cristalleries de Baccarat :
C’est lors de son partenariat avec les cristalleries de Baccarat (1966-1996) que Robert Rigot découvre le travail du cristal. Il réalise ainsi, pendant plus de trente ans, de multiples pièces parmi lesquelles La Chouette, Le Chien ou Le Chat (ces deux dernières étant encore éditées aujourd’hui). Son talent éclectique lui fait, entre autres, travailler la pâte de verre pour la cristallerie Daum, imprimer des estampes, participer aux expositions collectives de ses amis Pierre Cardin et Lydia Harambourg, concevoir des bijoux pour Cartier ou des médailles pour des célébrités comme celle portée par Benoit XVI lors de son intronisation. Titulaire de multiples distinctions nationales et internationales, Robert Rigot affirmait en 2016 avoir « monté plus de 500 expositions à travers le monde ». Ses œuvres sont aujourd’hui présentes dans plus de 80 pays.
Robert Rigot au musée Vivant Denon de Chalon-sur-Saône :
1967 : acquisition du Héron, sculpture en bronze façonné au chalumeau.
1971 : exposition Robert Rigot et Boris Tabacoff – cristalleries de Baccarat.
1972 : exposition Bijoux, ligne nouvelle, Boris Tabakof et Robert Rigot.
1977 : acquisition du Cheval, sculpture en bronze façonné au chalumeau.
1978 : exposition Rigot, estampes. Acquisition des quatre estampes, La Chouette bleue, Poisson, Chat bleu et Olivier.
1979 : acquisition de La Chouette, sculpture en cristal de Baccarat
1990 : exposition Premières tapisseries avec Arnaud d’Hauterives.
2020 : La sculpture Cheval figure en introduction de l’exposition Le Cheval, toute une histoire.
« La nature est devenue l’interlocuteur de Robert Rigot, dans un dialogue avec la matière où l’espace et la lumière le portent à créer un bestiaire aux formes lyriques et une humanité d’expression classique, dont le mouvement est intégré à la plénitude du volume. Une sculpture organique née du matériau élu. […] Au final, oiseau, fourmi ou sauterelle s’imposent à partir d’un libre jeu de lignes constructrices déployées dans l’espace, de plans parcellés de vides par lesquels la lumière traverse les volumes, les animant d’une vibration particulière. Pour Robert Rigot, la sculpture porte son interrogation et sa réponse sur le mystère de la nature. »
Lydia Harambourg
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